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Hred 🔉
Il est arrivé - enfin ! - ,"lo hred", le froid.
Eh oui ! Il est des mots qui ne sont pas transparents, qu'on ne comprend pas du premier coup, ni à l'oreille, ni à la lecture.
Pourtant, "hred" vient bien - comme le français " froid - du latin "frigidus", qui a donné certes "frigidaire" puis "frigo", mais qui, après un long voyage en Béarn, a donné "hred" : il a perdu sa queue (frigid-us) chère aux personnages d'Astérix (Cai-us Pup-us, Ballondebaudr-us, Anglaig-us…) a laissé sur le bord du chemin le -gi- (fri-gi-d) qui le rendait "frigide", pour enfin se gasconniser.... car les Gascons, et particulièrement les Béarnais, n'aiment pas les "f".
Là où d'autres occitans le prononcent fièrement ("fromatge, fuec, filh...")🔉, les Béarnais ont tendance à faire péter un "h" plus qu'aspiré, bouffé, qui n'a rien à envier à certaines sonorités arabes : hromatge, huec, hilh de p...!).🔉
On rajoute un "i" qui se transforme en "e" (hrid 🡪 hred) et tout ce voyage a donné donc "hred", où on entend la rugosité de l'hiver, âpre, vif, efficace.
Crédit photo : Adrien Basse-Cathalinat qui présentera son livre « Béarn » le 9 décembre à l’Estanquet/Librairie de la Ciutat, Aqueras montanhas, place Récaborde au Hédas
Le froid, ça réchauffe !
"Que Hè Hèra Hred"🔉, il fait très froid donc (si vous vouliez avoir du "h" béarnais, vous êtes servis!) et ce froid est réconfortant finalement.
C'est ce "hred" qu'on attend depuis longtemps pour tuer moustiques et autres parasites. C'est ce "hred" qu'on attend depuis longtemps pour allumer la cheminée et lancer garbure, pot au feu et daube ; c'est ce "hred" qu'on attend depuis longtemps pour avoir enfin une raison valable et normale de choper la grippe...
C'est ce "hred" qui permet de rentrer dans l'apogée annuelle de la culture béarnaise : le temps des conserves et des salaisons !
Oui, quand le froid devient piquant voire mordant, on dit "Que hè un hred a pelar!"🔉, littéralement, "il fait un froid à peler". Ce ne sont pas les oranges qu'on pèle ici, c'est plutôt la peau du cochon.
"Et quand ça pèle, ça pèle !" comme dit le vieil adage, et c'est le temps parfait pour les saucisses confites, hure, boudin et jambon issues de la "pelèra"🔉 ou le "pèla-pòrc"🔉, synonyme d'une fin tragique pour l'animal mais réconfortante pour ceux de la maisonnée.
Crédit photo : Adrien Basse-Cathalinat
Le froid se (ra)conte
Dans un conte traditionnel surnommé "La Mariashorra", l'hiver en personne poursuit le petit oiseau (la Mariashorra) en gelant les endroits où il se réfugie : son nid dans l'arbre, le trou d'un mur... jusqu'au four d'un boulanger !
La Mariashorra finit quand même par trouver un endroit au chaud que l'hiver ne peut pas geler.
Cet endroit, que ce "mot deu mes" ne vous révèlera pas et que vous pourrez découvrir sans doute le 10 décembre à La Ciutat Comprenem! à partir de 18h, montre que l'hiver, "lo hred" est aussi une fabuleuse opportunité pour créer de la chaleur autour d'une garbure, un chant, un conte.
Crédit image : A tu per jo, méthode d’enseignement de l’occitan de Gascogne, Editions Capoc, Dessin d’Ohazar
Traduction :
- Le chat : Tiens ! Il reneige !
- Le canard : Oups ! Il a gelé !
- Le cheval : Attention à toi, cochon, il fait un froid à peler !