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Hartèra de la hartèra ? 🔉
Allez, vous ne nous la ferez pas, la plupart d’entre vous se sont bien « hartés » pendant les fêtes de fin d’année. Et rien de plus normal d’ailleurs, car ne dit-on pas « hèsta annau, dia de hartèra » 🔉 ?
Certains se sont peut-être même laissés aller à la « hartèra de nau dias » jusqu’à en arriver « au hart de la hartèra » 🔉, au gorgé de l’abondance, pour rester poli…
Nous en avons croisé quelques-uns qui étaient « harts com pòrcs de molin » 🔉.
Mais avant de remettre ça très prochainement pendant le Carnaval Biarnés, il a bien fallu retourner au charbon en ce mois de janvier pour que chacun puisse gagner sa pitance, « entà ganhà’s la hartèra ».
A satiété, voire même un peu plus...
La « hartèra », comme le dit si joliment le dictionnaire Palay, c’est la réplétion de mangeaille.
Ce substantif nous vient du verbe « hartar » ou « hartà’s » 🔉 qui signifie tout bonnement « s’empiffrer, se goinfrer » ou « (se) saoûler ». L’ivrogne notoire du coin de la rue est d’ailleurs souvent et très affectueusement affublé du doux sobriquet de « hartanèr » 🔉.
« Estar hart », c’est donc être repu, rassasié, saoûl (au propre comme au figuré), voire même riche et avide : « aqueste qu’ei tripa-hart ! » 🔉. C’est aussi ne plus en pouvoir, en avoir jusqu’au cou (ou avoir bu jusqu’à plus soif). « Harta’t de plorar, tu piss…ras moins ! »
Cela exprime également le ras de bol : « Que’n soi hart, que n’èi hartèra », j’en ai marre…🔉 On est « hart » lorsque l’on est particulièrement fatigué, excédé ou ennuyé : « Que hartarés un Sent », « Se sabèvas quin me hartas ! », si tu savais à quel point tu m’en…quiquines ! 🔉
Crédit photo : Adrien Basse-Cathalinat
J'ai hart de cointes !
Le mot « hart » a aussi une fonction augmentative lorsqu’il passe ─ en Béarn principalement ─ dans le champ lexical du français peu châtié : « j’ai hart de boulot, je suis hart occupé ».
Dans d’autres contrées du Sud-Ouest, on entend également « gavé » ou encore « au taquet ». Chaque région française a d’ailleurs ses propres intensifieurs (voir la carte ci-dessous) mais rares sont celles qui utilisent un mot issu d’une langue régionale.
E n’i a pro ? On ne vous a pas trop « hartés » ?