Lo mot deu mes, mai 2023

Lo mot deu mes, mai 2023

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La Maiada 🔉

 

Du 30 avril au 7 mai, en Bas-Adour, l’association Ací Gasconha et la Ville d’Anglet ont célébré une semaine entièrement dédiée à la culture gasconne. Tout avait commencé le 30 avril et la fête de la Maiada dont l’inauguration du « pin fleuri » ─ « lo mai » 🔉 ─ fut le point d’orgue. Cette pratique inscrite à l’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel français est encore assez populaire en Bas-Adour, dans les Landes, le Gers et même dans le nord du Béarn.

La date du 30 avril, dans l’inconscient collectif, correspond au passage de la saison morte à la renaissance, l’arrenavida 🔉. Abriu que hè la h·lor, mai que n’a l’aunor 🔉. A cette période la météo hésite encore entre l’hiver et l’été, entre la lune rousse et les Saints de Glace (du 11 au 13 mai). A nosta qu’arriban deu 23 d’abriu enlà e que’us apèran Jorguet, Marquet e Vidalhet, los tres vinaters. 🔉

Au mois de mai les jours s’allongent encore et avec eux le labeur des champs. On travaille tard, on rentre tard, on mange tard : qu’èra long com la hami de mai ! 🔉 On dit aussi que c’est à cette époque que l’eau des sources et la rosée du matin ont les plus grandes vertus, tout comme le lait : la lèit de la purmèra molhuda n’èra pas jamei autan bonas com lo dia deu 1èr de mai… 🔉

 

 


Planter le "Mai" 

 

Le mois de mai est aussi celui de toutes les promesses, celui des fiançailles (« las aconsialhas » 🔉) et des mariages. Et quand il s’agit d’annoncer une bonne nouvelle, on dit « que va caler plantar lo mai ». 🔉

Si ces dernières années, le mot « maiada » a parfois désigné les rassemblements de jeunes apprenants en occitan, à Orthez il est synonyme de refête, tandis qu’à Salies il évoque la crue du mois de mai : l’arriu que magesca, que hè la maiada🔉 Au Moyen-Âge, la maiada était une redevance due au seigneur (payable en barriques de vin), ou le privilège qu’avait ce dernier d’être le seul à pouvoir vendre le divin nectar durant tout le mois de mai. La « maiada » (ou « lo maiau » 🔉) était aussi autrefois le surnom que l’on donnait au porc gras ou à l’engrais, en d’autres termes la provision de salé pour l’été. Le mois de mai nous a ainsi donné les adjectifs maiau, maienc, magesc 🔉. Le verbe magescar pourrait se traduire par « faire les travaux de mai au jardin »

Quant à l’origine des Maiadas, elle est fort ancienne. Au Moyen-Âge, les paysans venaient planter un arbre devant le château pour montrer allégeance à leur seigneur. Cela peut paraître paradoxal, mais ces « mais » sont un peu les ancêtres de nos Arbres de la Liberté. Plus tard, le plantage de « mai » est devenu un moyen d’honorer un héros local, une personnalité, un bienfaiteur pour la communauté, sur une petite place devant sa maison ou dans son jardin. Par extension les verbes ou expressions verbales « maiar » ou « plantar lo mai » signifient aujourd’hui « fleurir, couvrir de fleurs »

On plante également un « mai » à l’occasion d’une naissance, de fiançailles, d’un mariage, d’un départ à la retraite ou pour souhaiter la bienvenue à de nouveaux arrivants au village. On pouvait également en ériger un devant une maison où une jeune fille restait à marier. Après un passe-rue musical, les jeunes prétendants s’arrêtaient devant la demeure en question et entonnaient une joyeuse sérénade invitant la jouvencelle à venir « dançar lo mai » avec eux. On pouvait apparenter cette coutume à une véritable déclaration d’amour.

 

 


C'est la classe !

 

Dans tous les cas, toutes ces coutumes relèvent de pratiques de sociabilité, entà téisher ligams hens la comunautat 🔉. Longtemps ces festivités étaient placées sous la houlette de la « classe », les conscrits, los qui n’èran aus tres sheis 🔉 (3 fois 6 = 18 ans). Et ce « travail » occupait toute l’année. Il fallait tout d’abord élire le meneur de la classe, puis choisir la ou les personne(s) qui seraient honorées. Ceci fait, venait le temps d’organiser et faire les quêtes auprès de la population. Au début du printemps, l’heure était venue d’aller choisir le plus beau pin au bèth miei deu pinhadar 🔉. Restait à le parer de flòcs, brancar, arribants, drapèus e escritèus 🔉 (bouquets, branchages, rubans, drapeaux et écriteaux à la gloire de l’heureux élu). Lo pin qu’èra ondrat, pingorlat e abanderat 🔉 (décoré, bariolé, pavoisé). Ce pin fleuri devenait ainsi un symbole précieux qui avait droit à sa bénédiction. Il suscitait également toutes les convoitises des villages voisins qui entretenaient une telle rivalité qu’il fallait le protéger des intrus, quitte à en venir aux mains, quan seré d’anar aus patacs… 🔉

Le jour de l’installation, la classe dans son intégralité se faisait bien sûr inviter chez chaque personne qui avait droit à son « mai », et la ripaille se répétait le jour du démontage, ou si le pin venait à mourir !

La pratique se raréfie aujourd’hui mais elle aurait tout aussi bien pu disparaître à jamais. En effet, au 16ème siècle, notre reine Jeanne d’Albret ─ protestante convaincue e un drin cuucosuda 🔉 ─ voyait d’un très mauvais œil toutes les réjouissances qui pouvaient détourner ses sujets de la religion et du droit chemin. Elle voulut interdire tous les « mais » ─ que’us voló desquilhar tots 🔉 ─ d’autant qu’ils étaient le plus souvent bénis par le clergé… catholique !

Et ça, elle ne le pouvait souffrir !

 

 

Mercés hèra a l'Olivier Pédezertr de l'AP Ciutat.

Que'vs brembam aquera letra electronica mesadèra qu’ei ubèrta a tots los membres de la Ciutat qui tribalhan sus la lenga e/o la comunicacion. Alavetz aus vòstes calams…

Adishatz a tots e au mes qui vien ! 🔉

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